Les plantes à vivre de Laure Salaün

Laure Salaün est ethno-botaniste dans les monts d’Arrée. Installée dans les monts d’Arrée, Laure Salaün cultive et transforme des plantes médicinales et aromatiques depuis 2006. Formée à l’ARH-Institut Français d’Herboristerie, la botaniste est aussi diplômée d’ethnologie et d’ethno-botanique.

À Terre Feuillantine Terre Feuillantine, la ferme qu’elle a montée à la Feuillée, la paysanne récolte, sèche, distille, fait macérer ou transforme en gelée plus d’une trentaine d’espèces de plantes qu’elle cultive ou cueille dans la nature :

« Je cultive mes plantes sur deux champs, ce sont deux zones éloignées l’une de l’autre, deux biotopes différents. Je fais aussi de la cueillette, comme l’ail des ours, qui est un nettoyant des métaux lourds, l’ortie qui aide le corps notamment à la sortie de l’hiver, le noisetier qui facilite la circulation sanguine, mais aussi l’aubépine, la bruyère, etc. »

Pratiques séculaires

L’usage des plantes médicinales est un héritage de pratiques ancestrales qui a été malmené par l’histoire de la France contemporaine. Sous le régime de Vichy, l’herboristerie est fermement réprimée en tant que pratique illégale de la pharmacie.

Après guerre, les lois édictées par la dictature ne sont pas supprimées. L’industrie pharmaceutique, la chimie de synthèse ainsi qu’une certaine méfiance instillée contre les remèdes de « bonnes-femmes », vont faire quasiment disparaître les pratiques traditionnelles de la cueillette et du bon usage des plantes. Un savoir-faire venu du fond des âges de l’Humanité, souvent porté et transmis par des femmes a ainsi quasiment disparu au XXème siècle

En écho avec l’époque

Dans une société où alimentation et santé sont l’objet de questions et parfois même de méfiance, la démarche de Laure entre en résonance avec l’écho du siècle. Renouant le lien distendu d’une proximité avec la nature et ses richesses, l’ethno-botaniste n’est pas qu’une simple productrice de tisanes, d’onguents et de dentifrices à l’argile.

Depuis quelques années, elle anime des sorties botaniques pour un public qui peut y participer en s’inscrivant à la librairie l’Autre Rive : « J’y travaille depuis trois ans, les personnes viennent en groupe pour des ballades au cours desquelles elles découvrent les plantes qui nous entourent. Elles repartent ensuite avec l’eau florale, le baume ou l’huile qu’elles auront appris à réaliser. Théorie et pratique sont intimement liées ».

Qu’un lieu de culture soit associé à une pratique botanique n’est en rien surprenant tant la littérature sur ce sujet est pléthorique, toutefois il y a des bibles et des références en la matière qui demeurent des outils tout au long de l’aventure de qui veut user du pouvoir des plantes. Ainsi Laure garde-t-elle toujours sous le coude Le guide des plantes sauvages, Le livre des bonnes herbes et, trinité des botanistes, « La Pharmacie du bon Dieu », de Maria Treben.

Nature et progrès

Adhérente à Nature et Progrès, Laure Salaün est mue par un désir de transmission qui la porte désormais à envisager de nouvelles étapes au cours de son parcours d’agriculture biologique : « J’aimerais transmettre aux gens la connaissance des posologies et la façon de faire bon usage des plantes médicinales. Pour cela il va falloir que je passe un diplôme de naturopathe ». Pour l’instant on peut toujours aller la voir le jeudi sur le marché de Huelgoat où elle vend les produits de sa ferme.

Alliant action et réflexion, partage et transmission, l’énergie magique de Terre Feuillantine promet un avenir d’une humanité recouvrant une capacité à voir dans la nature les cadeaux qu’elle nous offre spontanément, pour nous nourrir et nous soigner.

Article publié en avril 2018 par "Le Poher", l’hebdo du Centre-Bretagne.